Le quartier historique russe du Piol
Découvrez l'histoire du quartier du Piol : son agriculture passée, sa fréquentation touristique à partir 17e siècle, les séjours de la famille impériale russe, la construction du grand Hôtel Impérial, celle de l'Eglise Russe, sa transformation au 20e siècle...
Le quartier du Piol où se situe la maisonnette apparaît dès le 13e siècle. Il a été jusqu'au 19e siècle un très vaste quartier qui s'étendait du haut de la colline Saint Pierre de Féric jusqu'à l'actuelle avenue Jean Médecin du Centre-ville (vallon Saint Michel, à l'époque).
Le nom de "Piol" vient du latin "podium" et correspond au plateau au bas de la colline.
Le quartier du Piol, réputé pour la douceur et la fraîcheur de son climat, était partagé entre terres agricoles (production maraîchère et oléicole) et séjours estivaux de la noblesse niçoise (notamment la famille Cays de Gilette), puis de la grande bourgeoisie niçoise.
Une chapelle fut également construite, dédiée à Saint Philippe Neri (chapelle située actuellement au 40 avenue Estienne d'Orves).
A partir du début du 19e siècle, deux familles de riches commerçants et industriels (les Bermond et les Peillon) s'installèrent dans le quartier du Piol et y aménagèrent un très vaste domaine où elles firent élever deux grandes villas voisines agrémentées d'un jardin paradisiaque riche en fleurs et en agrumes parfumés.
En l'absence d'hôtels de rang satisfaisant à l'époque, la famille impériale russe commença à y passer de très réguliers séjours, pour des raisons politiques surtout, mais aussi de villégiature pendant les rudes hivers soviétiques.
La construction d'une église orthodoxe en 1857 (l'église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra, rue Longchamp actuelle) fut un élément supplémentaire d'enracinement de la famille impériale, et bientôt pour nombre d'aristocrates et de riches bourgeois russes. Le Piol était aux Russes, parallèlement à Cimiez qui était aux Anglais.
En 1865, la famille impériale qui séjournait sur les terres du Domaine Bermond vécut une tragédie : le décès du jeune tsarévitch Nicolas. Fous de douleur, ses parents firent détruire la villa Bermond où il était décédé et érigèrent à la place un mausolée commémoratif en son souvenir (ce mausolée se situe derrière l'Eglise russe actuelle). La Villa Peillon fût elle aussi détruite en partie, ainsi que son parc.
La ville de Nice avec la municipalité Borriglione se lança ensuite dans une opération de prestige en accueillant en 1883 sur le plateau du Piol l'Exposition Internationale (exposition axée sur les arts et les techniques). L'implantation de l'Exposition Internationale fût significative de l'extension de Nice vers le nord.
Se fondant sur l'inclinaison des russes pour la colline du Piol, un grand palace fût érigé dans la quartier en 1902 : l'Hôtel Impérial. Cette bâtisse colossale, qui bénéficiait d'un confort immense à l'époque (ascenseurs hydrauliques et eaux courante froide et chaude), accueillit nombre de touristes internationaux et régulièrement aussi la famille impériale russe dans une de ses annexes, une petite rotonde "Palais Impérial"qui lui était dédiée.
La présence russe étant importante dans la ville, un projet de seconde église orthodoxe fût envisagé, qui aboutit à construire en 1902 la Cathédrale Saint Nicolas sur le terrain de la chapelle commémorative du tsarévitch dans le quartier du Piol où se situait jadis la Villa Bermond. Cette "Eglise russe" se situe dans l'avenue Tzarewitch actuelle et appartient encore aujourd'hui au Patriarcat de Moscou.
L'Hôtel Impérial connut une vie brève, mais luxueuse. Pendant la Première Guerre mondiale il fût réquisitionné et transformé en hôpital. A la suite de la guerre, le déclin de l'hôtel s'amorça et son exploitation fût stoppée en 1920.
La Ville de Nice le racheta en 1926 et le transforma en lycée en 1930: lycée du Parc Impérial. Ses nombreux clochers, dômes et clochetons furent abattus dans les années qui suivirent.
A partir de cette période, le quartier du Piol laissa progressivement place à l'urbanisation, avec la construction par exemple de l'immeuble Art-Déco Le Paladium, son atrium décoré et sa statue d'Athéna à l'angle de l'avenue Tzarewitch et du boulevard Gambetta.
La Ville de Nice resta fréquentée par les Russes.
Il existe encore aujourd'hui de nombreux commerces russes dans le quartier ou dans les quartiers proches.